1) Ce que l’on observe sur le terrain
Sans prétendre à une preuve formelle ni citer d’établissements : des agences et des clients nous rapportent des refus ou un durcissement des conditions (taux, quotité, garanties) lorsque la classe énergétique du bien est jugée défavorable (F–G, parfois E).
À ce jour, il n’existe pas de règle publique uniforme de refus automatique sur la seule base du CPE/Energiepass ; il s’agit de choix internes de risque, variables d’une banque à l’autre.
Notre position : juger un dossier uniquement à l’aune d’un Energiepass pris au pied de la lettre est discutable, car ce document est conventionnel et théorique.
2) Ce que mesure (vraiment) l’Energiepass
Comme détaillé dans notre article « Pourquoi l’Energiepass habitation surestime-t-il la consommation réelle ? » :
- Le CPE/Energiepass repose sur des scénarios standardisés (températures, ventilation, occupation, etc.).
- Il compare les bâtiments entre eux mais ne reflète pas toujours les usages réels des occupants.
Conséquence : utiliser le seul Energiepass comme filtre binaire d’octroi de crédit peut surestimer le risque réel pour de nombreux ménages.
3) Le rôle d’une banque… et ses limites
Le rôle d’une banque est de financer en appréciant solvabilité, valeur du gage et risques. Intégrer l’énergie est légitime (coûts futurs de rénovation, décote potentielle).
Mais : traiter un CPE conventionnel comme une vérité terrain revient à détourner l’outil de sa finalité (comparaison théorique européenne). Autrement dit : que chacun fasse son métier — à la banque l’analyse financière/prudentielle ; aux techniciens l’analyse du bâti, des usages et des travaux.
4) Transparence déontologique : aucune complaisance
Nous sommes tenus par la réglementation et par notre déontologie :
- Un Energiepass est établi à partir de données vérifiables et de méthodes normées.
- Falsifier ou « arranger » un Energiepass pour “faciliter” un crédit est exclu et engage la responsabilité du signataire.
- Nous savons que certains confrères produisent des Energiepass de complaisance. Nous ne rentrerons pas dans ce jeu. Notre ligne est claire : décrire objectivement l’état du bien et expliquer les limites du modèle, point.
5) Ne pas confondre symptôme et cause
Quand un dossier est refusé à cause d’une classe énergétique, le symptôme visible est la lettre du CPE.
La cause réelle est le durcissement des politiques de risque des banques (appétit moindre pour les biens F–G, exigences accrues de garanties, etc.).
Nos clients ne doivent donc pas se tromper de cible : inutile d’« attaquer » les bureaux qui font correctement leur travail ; il faut traiter la cause — le durcissement bancaire — en apportant des éléments objectifs qui réduisent le risque perçu.
6) Ce que nous recommandons (emprunteurs / vendeurs)
- Apporter des preuves d’usage réel : factures sur 3 ans (gaz/fioul/électricité), relevés, historiques — quand disponibles — pour documenter la consommation réelle.
- Présenter un plan de rénovation crédible : devis, phasage, gains attendus ; joindre si possible une simulation post-travaux.
- Expliquer l’occupation et les réglages (températures pratiquées, pièces peu chauffées, ventilation) qui diffèrentdes hypothèses du CPE.
- Argumenter la valeur du gage : marché local, travaux récents non encore pris en compte, entretien, conformité.
- Faire relire le CPE : cohérence des entrées, vérification des caractéristiques, corrections factuelles si une donnée est erronée (jamais d’arrangements).
7) En synthèse
- Le CPE/Energiepass est utile pour comparer, mais imprécis pour prédire une facture ; il surestime souvent la consommation réelle.
- Refuser un crédit uniquement sur base d’une mauvaise étiquette ignore la réalité d’usage et la capacité de réduction via des travaux.
- Notre engagement : CPE rigoureux, zéro complaisance, et accompagnement pour documenter les dossiers avec des éléments objectifs (consommations réelles, plan de rénovation) afin de traiter la cause du problème : le durcissement bancaire.
Source :
* Passeports énergétiques surévaluent largement la consommation d’énergie finale
* Clarifications concernant les conclusions de l’analyse sur les certificats de performance énergétique menée par l’Université du Luxembourg