Je viens de comptabiliser + de 30 faillites dans la construction, rien que cette année au Luxembourg qui ne sont pas annoncés dans la presse.

Dont des sociétés sérieuses avec qui nous avons déjà travaillé.

La situation devient critique.

En avril 2022, j’ai lancé une alerte sans avoir de réponse.

Voici son contenu

« Je me permets de vous écrire pour vous faire part de mon inquiétude pour notre secteur.
Nous subissons le début d’une crise qui s’annonce à mon avis comme une des pires crises du logement que nous allons connus depuis longtemps. L’après covid et la guerre à nos portes y sont grandement responsables. Mais pas que.
Mes inquiétudes sont basées sur une série de points :

* Prix des terrains et foncier en augmentation.
* Augmentation de la main d’œuvre et des matériaux de 20 à 30% voir parfois plus. Nous recevons des prix valables 5 jours. En 18 ans de carrière, je n’avais jamais connu cela.
* Augmentation des taux d’intérêt 1,4% à 2,7%.  *** (entre 3,5 et 4,5%) ***
* Augmentation des produits pétroliers.
* Manque de main d’œuvre à un niveau très important.
* Retard très important sur la livraison des matériaux.
* Durée des procédures d’autorisation qui a nettement augmentée depuis la mise en place des nouveaux PAG – PAP QE.
* Nouveau RGD concernant les critères énergétiques.
* Futur RGD sur l’accès aux personnes à mobilités réduites.
* Pacte logement 2.0 dont les 10 ou 15% d’augmentation sont toujours en discussion au niveau du parlement. Beaucoup de Bourgmestres sont contre par le simple fait qu’il va à l’encontre des PAG (concernant la densité de logements et le CSS)
* Future norme sur l’acoustique des bâtiments qui sont en cours d’écriture par le CRTIB et qui devrait devenir une obligation si elle est votée par le gouvernement.    *** (Publiée entre-temps ILNAS ) ***
* Prix à la revente qui sont stables (ce n’est pas une mauvaise chose mais ça réduit les marges de nos clients ou rendent les projets non réalisables). Je sais que l’architecte n’est pas là pour enrichir les promoteurs mais ils restent nos clients.
* Mise en place plus stricte du règlement sur le désamiantage des immeubles existants.
* Mise en place plus stricte du règlement sur les normes incendies.  
* Etc…

Beaucoup de points ne sont pas négatifs seuls et sont parfois même très bien voir nécessaires (comme l’accès aux personnes à mobilités réduites, la protection des travailleurs contre l’amiante, la protection contre le feu, etc…). Mais ils arrivent tous en même temps et peut être pas au moment le plus adapté au vue de la situation.
Comme beaucoup de petits et moyens bureaux, notre clientèle sont des privés et des promoteurs. Ceux-ci sont dans une terrible interrogation sur la mise en route de nouveau projet. Ils essaient déjà de clôturer leurs projets sans trop de dommages.
Je ne doute pas que les gros bureaux d’architecte et gros promoteurs qui ont un foncier important pourront passer à travers cette future crise mais quand sera-t-il des plus petits bureaux?
Ne pensez-vous pas qu’un dialogue doit être ouvert entre les membres et l’état pour voir comment éviter cela?
Notre profession vit un énorme changement qui est déjà profond par l’augmentation de nos responsabilités, les procédures judiciaires qui remplacent le bon sens, l’obligation de moyens qui devient une obligation de résultats, etc….
La situation actuelle ne va pas arranger notre quotidien.
Nous restons également sans réponse pour nos clients concernant le principe de budgétiser des travaux et de donner un planning. Cela devient presque impossible.
Pour l’instant, comme la plupart des bureaux, nous avons un carnet de commandes encore raisonnable, mais les nouvelles commandes sont en très nettes diminution et j’aimerais savoir si cela est général dans les bureaux de taille identique.
Merci d’avoir pris le temps de me lire et je reste à votre disposition si vous souhaitez approfondir le sujet. »

Je dois dire être très inquiet pour le futur proche, concernant le maintien des emplois dans ma société. Nous avons pourtant 2 ans de chiffres d’affaires en commande mais les retards de procédures et sur chantier retardent la facturation, sans réduire ou voir en augmentant notre charge de travail.

Je suis convaincu qu’un grand nombre de sociétés vont licencier ou faire faillite durant l’année 2023 et début 2024 avant une reprise.»

Voyant, peut-être, mais je suis triste d’avoir vu juste.

Aujourd’hui, le gouvernement protège les grosses structures et ne fait rien pour les plus petites. 

Volontaire ?!? Influencé ?!?  Je me pose beaucoup de questions. Même si j’ai des réponses dont je ne peux parler !

Les enquêtes de notre ordre ne montrent pas une situation très bonne de notre profession. Nous avons encore la chance d’être dans la fourchette moyenne. Mais qu’en est-il des autres ?

Tout le monde parle d’une reprise ce printemps ! Je l’espère ! Elle doit venir, sinon j’ai bien peur que le mal sera tel qu’il faudra au moins 10 ans pour remonter la pente de cette crise du logement qui est beaucoup plus profond qu’en 2008.

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